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Le blog de Victor Bonjean

Le Covid-19 par un nul.

8 Avril 2020, 12:49pm

Publié par Victor Bonjean

Les infos que je reçois sur le Covid 19 et la pandémie me semblent parfois difficiles à mettre en contexte. J’ai donc tenté de clarifier les messages en synthétisant et en triant les infos disponibles pour moi-même. Et je me suis dit que, pourquoi pas, je pourrais diffuser ce petit travail. Il est forcément imparfait, alors n’hésitez pas à corriger, commenter, démolir…

Chapitre 1. Coronavirus: «Aplatir la courbe», qu’est-ce que ça signifie? (infographie) tiré du « soir »

Les autorités ont pris des mesures afin de ralentir la propagation du virus et éviter la saturation des hôpitaux.

Depuis plusieurs jours, on entend un peu partout qu’il faut « aplatir la courbe » dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus. Mais que cela signifie-t-il concrètement ? En réalité, il y a deux scénarios à examiner.

Scénario 1

Imaginons que le virus soit très contagieux et que chaque porteur contamine 4 personnes si l’on ne prend aucune mesure préventive, comme le confinement par exemple. Alors, le premier porteur contaminera 4 personnes. Ceux-ci contamineront 16 personnes qui contamineront 64, qui contamineront 256, etc… Cela va grimper vite pour redescendre quand la contamination diminuera. Les personnes non contaminées seront en effet de moins en moins nombreuses et le taux de contagion diminuera donc forcément. S’il n’y a pas grand monde à infecter, difficile d’infecter beaucoup, c’est évident.

Ce scénario conduira  à un afflux massif de patients dans des hôpitaux inexorablement débordés. Cela compliquerait non seulement la prise en charge des malades atteints de formes graves du Covid-19, mais aussi de tous les autres. Et ce serait encore pire si les soignants venaient à manquer, en cas de contamination d’un grand nombre d’entre eux.

Scénario 2

Dans le scénario 2, des mesures préventives sont prises pour étaler l’épidémie dans le temps. Objectif : faire en sorte que le pic soit moins brusque (c’est la fameuse courbe à aplatir) et que le nombre de cas simultanés ne dépasse pas les capacités du système hospitalier.

Imaginons que chaque porteur contamine 2 personnes car on a pris des mesures préventives, comme le confinement. Alors, le premier porteur contaminera 2personnes. Ceux-ci contamineront 4 personnes qui contamineront 8, qui contamineront 16, etc… Cela va grimper nettement moins vite,  et la courbe sera alors la deuxième dans le dessin ci-dessus

C’est pas mal, mais c’est incomplet car il n’y a pas une courbe, mais trois. Voyons cela.

Chapitre 2. Le décalage des courbes de contamination, d’hospitalisation et de décès.

Il n’y a d oncpas une courbe, mais trois, et ces courbes sont décalées dans le temps, ce qui est extrêmement important. Ce décalage va en effet avoir pour effet une incompréhension  des effets des mesures prises si l’on se contente d’une vision instantanée des données. Et j’ai constaté cette incompréhension chez certains.

Faisons donc un petit exercice simple pour éclaircir la situation. Il s’agit d’un exemple imaginaire, simplifié à l’extrême.

Données du problème  imaginaire:

  • Durée de la contamination : 12 jours
  • Contaminé qui sera hospitalisé : 1 sur 2
  • Hospitalisé qui va malheureusement décéder : 1 sur 2
  • Temps entre contamination et hospitalisation : 5 jours
  • Temps entre hospitalisation et décès : 5jours
  • Temps entre hospitalisation et sortie pour les survivants : 5jours

 

Ces données sont imaginaires et simplifiées, comme écrit ci-dessus . Par exemple, le délai de 5 jours est le même pour tout le monde. La réalité n’est pas aussi simple. Mais le principe reste identique et le même raisonnement s’applique sur le terrain, mais sur des données plus complexes.

1. Voyons d’abord la courbe de contamination imaginaire, efforts de ralentissement  effectués et constants.

Horizontalement, le nombre de jours depuis le début de l’épidémie

Verticalement, le nombre de personnes infectées

On voit que le deuxième jour, 1000 personnes sont infectées, que le 6 ème jour, 4000 personnes sont infectées, puis que le nombre journalier diminue. Retenons bien qu’il s’agit de la contamination journalière et pas du total de personnes contaminées. Pour ce total, il faut additionner les contaminés des 12 jours de contamination.

2. Voyons maintenant, en reprenant les données de départ, comment doit se présenter la courbe des hospitalisations.

Récapitulons les données de départ :

  • délai entre la contamination et l’hospitalisation : 5 jours
  • Nombre d’hospitalisation : 1 personne infectée sur deux. Les autres personnes restent chez elles et sont asymptomatiques ou guérissent ou meurent pour d’autres raisons (par exemple, une crise cardiaque).

On voit donc que le décalage entre contamination et hospitalisation  est bien de 5 jours et que le nombre d’admissions journalier maximum est bien de 4000/2, soit 2000  au plus haut de la courbe, le 11ème jour. Le décalage est bien visible. Même quand le sommet de la courbe de contamination journalière est atteint, le nombre d’hospitalisations journalières continue à augmenter. Ainsi, le 8ème jour, on voit que la courbe bleue des contaminations diminue mais que la courbe rouge des hospitalisations augmente. Ce décalage est normal. Il faut essayer de ne pas mélanger les résultats et de raisonner courbe par courbe.

Retenons bien qu’il s’agit des hospitalisations journalières et pas du total de personnes hospitalisées qui augmentera tant que des personnes seront hospitalisées.

3. Passons maintenant aux décès

Récapitulons les données :

  • délai entre l’hospitalisation et le décès: 5 jours
  • Nombre de décès : 1 personne sur deux. Les autres personnes sortent de l’hôpital vivantes.

On voit, là aussi un nombre de décès journalier égal à la moitié des hospitalisations, 2000/2, soit 1000 . On voit aussi le décalage de 5 jours. Ainsi, le 14ème jour, la courbe rouge des hospitalisations diminue, mais la courbe verte des décès augmente. On voit même que ce jour-là, il n’y a plus de contamination, alors que le nombre de décès augmente…

Retenons bien qu’il s’agit des décès journaliers  et pas du total des décès qui augmentera tant que des personnes mourront du Covid 19.

Récapitulons. Nous avons donc vu dans ce chapitre que les données journalières doivent être bien comprises et que le décalage temporel entre le pic de contamination et les deux autres pics engendre des données journalières qui peuvent paraitre contradictoires si on ne les analyse pas sur la durée.

 Enfin, j’espère que c’est ce que j’ai fait…

 

Chapitre 3. La dissémination du virus.

Essayons de comprendre pourquoi le virus se dissémine rapidement, mais aussi, dans un deuxième temps, de comprendre les raisons qui font que  l’épidémie se termine un jour.

Un virus est un agent infectieux nécessitant un hôte, souvent une cellule, dont il utilise le métabolisme et les constituants pour se répliquer. Il s’agit donc d’un organisme" vivant" (je n'entrerai pas ici dans la polémique sur le terme) qui nait, se reproduit et meurt, comme les êtres vivants.

Prenons un exemplaire du virus. Il va devoir trouver un hôte pour survivre et se reproduire par réplication, c’est la manière dont il fonctionne, on vient de le voir.  Dans le cas du Covid-19, il ne pourra se répliquer qu’à l’intérieur d’un humain, dont il utilisera et détruira une cellule pour se répliquer. Il y aura de nombreuses réplications. Les nouveaux virus répliqués vont également se répliquer plusieurs fois, etc…

Pour trouver un autre porteur et continuer à se disséminer, il lui faudra trouver d’autres organismes vivants, dans notre cas, des humains. Pour cela, les virus vont se retrouver notamment dans les microgouttes expulsées par le contaminé en toussant (il y a peut-être d’autres modes de transmission). Les virus expulsés dans l’atmosphère vont soit trouver un autre humain à proximité, soit se déposer sur une surface quand la gouttelette atteindra cette surface. Si rien ne se passe sur la surface concernée, il mourra après un certain temps. Mais si un humain touche cette surface puis se touche la région du nez ou de la bouche, le virus pourra peut-être infecter cet humain et se répliquer. Voyons donc deux scénarios possibles.

Scénario 1. Le virus se dissémine rapidement.

Raisons possibles de ce succès de la dissémination. La proximité des humains et leurs contacts physiques ou/et  le faible nombre de personnes qui, ayant contracté le virus, sont devenues immunisées, etc…

Données du problème imaginaire :

  • Un virus se duplique 10 fois, quelle que soit la raison de cette limitation.
  • Le succès de la transmission vers un autre porteur est de 5 sur 10. Donc, cinq virus expulsés meurent avant d’avoir trouvé un porteur.

Un porteur va donc infecter 5 autres porteurs.

Ces 5 porteurs vont infecter à leur tour 25 porteurs, qui infecteront 125 porteurs qui infecterons 600 qui infecteront 3000, etc… On voit que la propagation peut être rapide…

Scénario 2. Le virus tend à disparaitre.

Raisons  possibles, la distanciation sociale et/ou le grand nombre de personnes immunisées, ou encore un vaccin, ou simplement la mort de nombreux êtres humains, etc…

Données du problème imaginaire

  • Un virus se duplique 10 fois, quelle que soit la raison de cette limitation (rien n’a changé à ce stade).
  • Sur 20 virus, un seul arrive à infecter un autre porteur. Le succès a diminué fortement, comme on le voit.

Donc, pour 5000 porteurs, il y aura 5000*10= 50.000 duplications et 50.000/20 infections, soit 2500 nouveaux infectés. Eux-mêmes feront 1250 infectés qui feront 625 infectés qui feront 312, etc… Jusqu’à ce que l’infection d’autres porteurs soit négligeable ou nulle. Et donc, fin de l’épidémie.

Récapitulons : les épidémies ont toujours un début, une histoire et une fin, quoi qu’il arrive. A nous de voir comment nous nous organisons (ou pas) pour que les conséquences soient les moins graves. En sachant néanmoins que nous n’avons pas nécessairement toutes les données du problème au départ…

Et le masque ?

Voilà sans doute un des aspects les plus discutés de la pandémie…  C’est aussi celui sur lequel les infos fiables sont parcellaires. Lançons-nous néanmoins…

Et commençons par deux études contradictoires, en précisant qu’aucune étude de grande ampleur n’a jamais été réalisée… Bad luck, c’est en anglais…

https://www.sciencedaily.com/releases/2020/04/200403132345.htm

https://www.medpagetoday.com/infectiousdisease/covid19/85814

Et cette précaution étant prise, faisons quand même une petite expérience de pensée. Imaginons donc que le masque empêche l’expulsion du virus lorsqu’il est porté par un contaminé. C’est l’hypothèse optimiste de la première étude. Là, pas de soucis, le virus n’est pas transféré vers une autre personne par voie aérienne, même en ne respectant pas complètement la distanciation sociale.  Mais cela ne doit pas empêcher les mesures d’hygiène, bien évidemment. Car l'autre moyen de propagation existe toujours... Pas question de se donner la main par exemple, le virus pourrait se trouver sur la main du porteur...

Maintenant, imaginons que le contaminé ne porte pas de masque, mais que son interlocuteur à faible distance en porte un. Le virus pourra être transféré vers l’extérieur du masque, le reste du visage et du corps du porteur de masque. Si celui-ci en étant seul retire le masque, se touche le front puis le nez ou la bouche, il pourra alors être contaminé… L’aide du masque n’est donc au mieux que partielle et ne doit pas empêcher le lavage fréquent  des mains.

Bref, dans le meilleur des cas, le port d’un masque est utile essentiellement si tous les infectés en portent.

Et si on ne peut préciser qui est infecté, il est alors indispensable que tout le monde porte un masque en société, tout en évitant de se toucher. Et bien évidemment, il faudra continuer les mesures d'hygiène stricte pour éviter la propagation par toucher de surfaces…

 

Finissons-en avec cet ennuyeux pensum…

 

 

 

 

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